Saint Antoine de Golony

Propriété privée depuis la Révolution Française, la Commanderie de Saint Antoine de Golony fut créée vers 1200

Au sud-ouest du village, en direction de Samadet, sur la rive droite du Gabas, se trouve un bâtiment agricole un peu particulier : une fenêtre ogivale, des départs de voûte à l’étage indiquent que cette construction a eu, il y a bien longtemps, d’autres fonctions; il s’agit des vestiges de la Commanderie générale de Saint Antoine de Goloni (ou Golony) qui comprenait chapelle, maison des Frères et hôpital.

Cet hôpital confié aux « Frères Antonins » aurait été fondé vers 1200, on y soignait et assistait les malades atteints du Mal des Ardents appelé aussi Feu sacré ou Feu de Saint Antoine, ces malades pouvaient être des pèlerins ou des habitants du secteur. Le nombre de malades augmentant, des hôpitaux dépendant de Saint Antoine de Goloni furent créés dans les environs comme Balasin près de Sarraziet, Saint Pierre de Flaron à Grenade, Saint Antoine de Roquefort, Sainte Suzanne en Malaussane, Saint Antoine des Traverses à Escource…. Goloni était donc une Commanderie Générale dirigée par un Commandeur nommé par la maison mère de St Antoine du Viennois près de Grenoble, le Commandeur de Goloni supervisait les autres hôpitaux ou Commanderies simples.

Le mal des Ardents se caractérisait par des troubles hallucinatoires, des convulsions et dans les cas graves une gangrène des extrémités. Cette maladie causa la mort de milliers de personnes à partir du Xème siècle, ceux qui survivaient se retrouvaient souvent amputés et avaient une vie misérable.

Les Antonins mirent au point des soins spécifiques :
- nourriture saine et riche à base de viande de porc 
- application de baumes (gras de porc et plantes médicinales) sur les parties gangrenées
- prise de quelques gouttes de Saint Vinage : breuvage à base de vin dans lequel avaient macéré des plantes et qui avait été bénit au contact des reliques de St Antoine.

Les rescapés souvent rejetés par leurs familles pouvaient rester à vie dans des dépendances de l’hôpital, ceux qui mouraient étaient enterrés dans le cimetière situé à l’est du bâtiment.

On découvrit bien plus tard, au XVIIème siècle, que le Mal des Ardents était provoqué par l’ergot de seigle, sorte de champignon contenant des alcaloïdes qui contaminaient la farine et provoquaient la constriction des vaisseaux empêchant le sang d’y circuler, on donna alors le nom d’ergotisme à cette maladie.

Le site retenu pour implanter St Antoine de Goloni, près du Gabas, permettait aux Antonins et à leurs protégés de vivre en autarcie grâce aux moulins (céréales et huile), aux vignes (ils en plantèrent plusieurs parcelles), aux jardins, aux forêts et aux nombreuses fermes occupées par les anciens malades.

Ils avaient le droit de pêche dans le Gabas, le droit de chasse sur leurs terres, le droit de faire pacager leurs porcs dans tout le village. Le site où étaient élevés les porcs se trouvait généralement à deux ou trois kilomètres de l’hôpital, pour St Antoine de Goloni ce pourrait être le lieu-dit Porqueroun à Samadet.

Leurs revenus provenaient aussi de quêtes faites dans les églises des environs, de dons en espèces ou en nature et de collectes effectuées lors des marchés.

Déclin de Golony

Au fil des siècles, la maladie recula. Après 1500, le Mal des Ardents devint plus rare puisque avant même de connaître le champignon responsable de la maladie, on fit le lien entre épidémies et utilisation de la farine de seigle.

Lors des guerres de religion, en 1569, les troupes protestantes menées par le vicomte de Moncla vinrent brûler et dévaster église, hôpital et maison des religieux. Livres, ornements, documents, joyaux furent emportés. Deux Frères Antonins furent massacrés : Bernard Magi et Pierre de Bascons. Les rescapés se seraient installés à Samadet.

Vers 1595, un nouveau commandeur, Alexandre Thomé, fut nommé  et chargé de restaurer l’église et l’hôpital. Il resta à Goloni jusqu ‘en 1617. On y accueillait encore quelques malades et des pèlerins mais les biens périclitaient surtout les vignes, les anciens malades s’appropriaient terres et maisons. Goloni ayant perdu ses commanderies dépendantes devint «  le prieuré de St Antoine ». En 1778, l’ordre de Malte qui partout en France absorbait les Antonins en prit possession.

Suite à la Révolution, les biens de Goloni devenus biens nationaux furent vendus aux enchères. L’ancienne commanderie fut achetée par Darricau Antoine maison Nautonne à Samadet. Désormais, la famille Boulin est propriétaire de l'ancienne Commanderie de Saint Antoine de Golony.